Etude de femme by Honoré de Balzac

Etude de femme by Honoré de Balzac

Auteur:Honoré de Balzac [Balzac, Honoré de]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Nouvelles
Éditeur: Feedbooks
Publié: 1830-10-18T23:00:00+00:00


Quatre jours après, Eugène grondait son valet de chambre.

– Ah çà ! Joseph, je vais être forcé de te renvoyer, mon garçon !

– Plaît-il, monsieur ?

– Tu ne fais que des sottises. Où as-tu porté les deux lettres que je t'ai remises vendredi ?

Joseph devint stupide. Semblable à quelque statue du porche d'une cathédrale, il resta immobile, entièrement absorbé par le travail de son imaginative. Tout à coup il sourit bêtement et dit : – Monsieur, l'une était pour madame la marquise de Listomère, rue Saint-Dominique, et l'autre pour l'avoué de monsieur…

– Es-tu certain de ce que tu dis là ?

Joseph demeura tout interdit. Je vis bien qu'il fallait que je m'en mêlasse, moi qui, par hasard, me trouvais encore là.

– Joseph a raison, dis-je. Eugène se tourna de mon côté. – J'ai lu les adresses fort involontairement, et…

– Et, dit Eugène en m'interrompant, l'une des lettres n'était pas pour madame de Nucingen ?

– Non, de par tous les diables ! Aussi, ai-je cru, mon cher, que ton cœur avait pirouetté de la rue Saint-Lazare à la rue Saint-Dominique.

Eugène se frappa le front du plat de la main et se mit à sourire. Joseph vit bien que la faute ne venait pas de lui.

Maintenant, voilà où sont les moralités que tous les jeunes gens devraient méditer. Première faute : Eugène trouva plaisant de faire rire madame de Listomère de la méprise qui l'avait rendue maîtresse d'une lettre d'amour qui n'était pas pour elle. Deuxième faute : il n'alla chez madame de Listomère que quatre jours après l'aventure, laissant ainsi les pensées d'une vertueuse jeune femme se cristalliser. Il se trouvait encore une dizaine de fautes qu'il faut passer sous silence, afin de donner aux dames le plaisir de les déduire ex professo à ceux qui ne les devineront pas. Eugène arrive à la porte de la marquise ; mais quand il veut passer, le concierge l'arrête et lui dit que madame la marquise est sortie. Comme il remontait en voiture, le marquis entra.

– Venez donc, Eugène ? ma femme est chez elle.

Oh ! excusez le marquis. Un mari, quelque bon qu'il soit, atteint difficilement à la perfection. En montant l'escalier, Rastignac s'aperçut alors des dix fautes de logique mondaine qui se trouvaient dans ce passage du beau livre de sa vie. Quand madame de Listomère vit son mari entrant avec Eugène, elle ne put s'empêcher de rougir. Le jeune baron observa cette rougeur subite. Si l'homme le plus modeste conserve encore un petit fonds de fatuité dont il ne se dépouille pas plus que la femme ne se sépare de sa fatale coquetterie, qui pourrait blâmer Eugène de s'être alors dit en lui-même : – Quoi ! cette forteresse aussi ? Et il se posa dans sa cravate. Quoique les jeunes gens ne soient pas très-avares, ils aiment tous à mettre une tête de plus dans leur médaillier.

Monsieur de Listomère se saisit de la Gazette de France, qu'il aperçut dans un coin de la cheminée, et alla vers l'embrasure d'une fenêtre pour acquérir, le journaliste aidant, une opinion à lui sur l'état de la France.



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